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Fricadelles et Baraque à Fric

Je fais partie de ces nordistes ahuris de l'octroi de 600 000 euros par le Conseil Régional aux productions Pathé, soutien à la promotion commerciale du film Bienvenue chez les Ch'tis. Nous sommes nombreux, stupéfaits de la hauteur du montant...

Je fais partie de ces nordistes ahuris de l'octroi de 600 000 euros par le Conseil Régional aux productions Pathé, soutien à la promotion commerciale du film Bienvenue chez les Ch'tis. Nous sommes nombreux, stupéfaits de la hauteur du montant — auquel s'ajoute 300 000 euros de part production par le CRRAV —, et de la forme expéditive de cette décision. S'il fallait soutenir l'idée d'une participation à la sortie de ce film dans le Nord et d'un bénéfice d'image, nous le voudrions bien — je crois la comédie meilleure que pas mal de gauloiseries récentes — sans toutefois pouvoir oublier les difficultés éprouvées par des acteurs marquants de la vie culturelle à voir respectés les engagements financiers. Combien de pétitions n'avons-nous pas dû signer, ici comme ailleurs, pour ramener les élus à leurs déclarations sur le spectacle, la diffusion culturelle pour tous et le soutien à la création ? Nous ne pouvons manquer non plus de penser que ce n'est pas une bonne nouvelle pour le cinéma, l'essentiel de cette dépense étant dirigé sur la soirée des personnalités parisiennes, vedettes du petit écran, animateurs producteurs et autres dîneurs plus ou moins cons. Cela réduira une fois plus le Nord-Pas-de-Calais à sa figuration « bonne gueule », autant dire, avec le magot costaud envoyé rue François Ier, Paris 8 : Bienvenue chez les couillons !

Parmi tant d'autres peintures d'une terre trop humaine, le film de Yolande Moreau et Gilles Porte Quand la mer monte s'est fait connaître sans ces apports gracieux et nous le préférons déjà pour ce que ses méthodes de fabrique et de lancement en protège la finesse esthétique, mais aussi les causes nobles de sa popularité : une gratitude sincère, et d'ailleurs pudique à sa figuration ouvrière (les ch'tis). Les cadeaux qu'on pourrait attendre de cet « en haut » devraient renforcer sans relâche l'effort de diffusion de tous les films, faire redécouvrir les cinéastes du Nord et de Belgique, toucher des publics défavorisés, mener des opérations sur les places cinéma, multiplier les cinémathéques locales, les centres de la photographie et de l'image. Une politique de l'art, contre cet affichage « politique et baraque à fric », affligeant, comme peut l'être cette inertie qu'elle installe, passés les articles clairs et documentés des quotidiens régionaux. Chacun mesure sa réserve. Tout semble fonctionner comme au poker, les producteurs monnayent au prix fort ce qu'il pourraient sembler devoir. Les pertes du jeu seront le fait du prince, l'affaire est entendue. Les arguments de reconnaissance et d'affection envers Danny Boon acteur pourront bien sûr faire passer la pilule, agrémentée d'un bon mot. Alors pourquoi faire triste figure, n'est ce pas ? Je n'ai pour ma part aucune raison personnelle de m'en prendre à cette comédie, juste heureux d'en avoir été dispensé en tant que comédien nordiste. Mais ce sont avant tout, face aux maigres justifications qui ont été fournies, l'engagement de tous ceux qui agissent pour la culture, ou les cultures qui est questionné. Devons-nous rester sans réactions, picards de coeur et comme emch'pés ?

Commentaires

Je fais partie des conseillers régionaux (centristes) qui se sont opposés au vote de cette subvention! Voici ce que j'ai écrit sur mon blog à ce propos.

Oui, moi aussi, je suis un fan de Dany Boon! Moi aussi, je suis fier de ma Région Nord Pas de Calais, de ses hommes, de ses paysages, de son histoire, de son patois... de ses artistes. Moi aussi, je suis convaincu que le dernier film de Dany Boon est de nature à changer l'image de notre Région aux yeux de nos compatriotes.
C'est la raison pour laquelle, je n'ai pas été choqué par la participation de 300.000€, apportée par le CRAAV (Centre Régional de Ressources Audiovisuelles subventionné par le Conseil Régional) à la production de ce film. Cette somme peut d'ailleurs être considérée comme un investissement, puisqu'elle ouvre droit à un retour proportionnel au succès du film, succès dont personne ne doute aujourd'hui.
Ce qui me choque, ce sont les 600.000 € que l'assemblée Régionale vient d'octroyer à PATHE pour assurer la promotion du film et de la Région.
J'ai voté contre cette subvention que je considère comme indescente en cette période de "vaches maigres"!
On a eu beau habiller cette subvention en "acquisition de droits", en "promotion du film en Nord Pas de Calais".... cela reste 600.000 € dont on ne dispose plus pour d'autres actions dont la Région a bien besoin.
J'ai comparé cette somme aux malheureux 60.000€ que j'ai eu bien du mal à obtenir pour "Scènes Mitoyennes" dans le Cambrésis, aux 150.000€ que notre groupe a obtenus par voie d'amendements au budget primitif 2008 pour l'installation de défibrillateurs dans les salles de sports de la Région, aux 150.000€ obtenus de la même façon pour accompagner les communes en matière de prévention santé (EPODE notamment).
Faut-il aussi redire la difficulté d'obtenir une aide de la Région pour la reconstruction du centre social à Cambrai? qui s'est soldée par une somme de 200.000€ allouée in extremis fin 2007....

Et puis, je ne peux m'empêcher de penser à toutes celles et ceux qui, chaque jour, se demandent comment ils vont boucler la fin du mois!
Personnellement, je n'irai pas à la première organisée à Lille le 20 février prochain, pour les quelques privilégiés dont je fais partie, séance à 100.000€...
Je ne pense pas que 'Bienvenue chez les Ch'tis" avait besoin de celà. Je crains même que cette subvention ternisse son image....

Au début des années quatre-vingt, la Région a créé un lien régional par le biais de ces politiques : TER, recherche, etc. Certes, les politiques régionales ont fortement contribué à l'amélioration de l'image, parce qu'elles ont permis un développement énorme du territoire régional, permettant ainsi de rattraper le retard accumulé pendant de nombreuses décennies, permettant également de gommer en partie l'image d'un territoire laborieux, industriel et miséreux.
La région Nord – Pas-de-Calais a gagné entre 1982 et 2003 en crédibilité, en notoriété ; elle a de nouveaux atouts. Ces atouts sont liés à des politiques publiques d'aménagement, notamment d'aménagement du territoire, et de développement. Ces atouts sont aussi le résultat d'un combat acharné des élus locaux auprès de l'Etat, de l'Union Européenne, pour obtenir des moyens d'agir et pour en finir avec la crise qu'a connu la région pendant vingt cinq ans. La réalité est parfois encore dure et la population du Nord – Pas-de-Calais critique à l'égard du personnel politique régional, mais des avancées considérables existent. L'image a évolué très positivement, mais il ne faut en aucun relâcher la concentration dans le domaine de la communication régionale, et pourtant, c'est ce à quoi nous assistons depuis quelques années.

Outre une politique de communication régionale significative jusqu'au début des années quatre-vingt dix, les grands projets et le phénomène de métropolisation, par lequel Lille acquiert une légitimité et une notoriété nationale, européenne, voire internationale, ont amener une évolution très nette de l'image du Nord – Pas-de-Calais à l'extérieur de la Région.
"Dans la candidature aux Jeux Olympiques, ce qui était bien, précisait en 2003 un journaliste, c'est que cette région avait une ambition, pour une fois". Il est vrai que cette candidature a à la fois "redonné du cœur à l'ouvrage", mais aussi permis de faire se rencontrer et travailler des hommes qui, jusqu'à présent, ne mettaient aucune bonne volonté à cela. On peut même s’avancer à dire que la candidature aux Jeux Olympiques fut la meilleure opération, le vecteur de la nouvelle image du Nord – Pas de Calais.
Les stéréotypes se sont affaiblis significativement. En revanche, même si de gros efforts, et par conséquent, des progrès indéniables ont été réalisés sur l'image qu'ont les habitants de la région de leur territoire, d'importants chantiers restent à mener en ce sens. Malheureusement, l'absence de stratégie globale de communication pour le Nord – Pas-de-Calais – et au premier chef d'entre elles, la Région - c'est-à-dire le fait que les collectivités territoriales ne consentent à travailler ensemble sur la valorisation du territoire régional, et de son image, représente un frein considérable pour le processus engagé il y a plus de vingt cinq ans.

Après avoir décidé en 2002 de fermer la Maison de la Région située à Paris, le Président de la Région, Daniel PERCHERON, vient de faire voter une subvention de 600000 euros aux productions Pathé, pour le film « Bienvenu chez les ch’tis », alors même que ce film avait déjà bénéficié du soutien du CRRAV.
Dany BOON ne saurait être le meilleur vecteur d’une forte image du Nord – Pas de Calais, tant il véhicule le misérabilisme et porte l’image d’archaïsme dont a pu souffrir notre territoire pendant des années. Cet aspect dessert donc complètement la valorisation de notre région.

Il conviendrait désormais de s’interroger sur la stratégie de marketing territorial de la Région .

Elise OVART-BARATTE

Marrez vous les gars du Nord,vous rigolerez moins dans quelques années.Nous à Marseille on a connu ça et on le paie encore très cher aujourd’hui,avec Fernandel,Raimu et autres,au début nos parents étaient fiers du succès dans la France entière,mais le cauchemar s’est très vite fait sentir et maintenant impossible de dire quelque chose de sérieux avec l’accent marseillais,comment voulez vous etre prof ou scientifique de haut niveau quand vous avez l’accent de Patrick Bosso ou Titoff ? Vous avez déjà vu un film ou un role sérieux est confié à quelqu’un qui a l’accent méridional ?

Vous allez voir dans quelques années la vie qu’ils vont vous faire à imiter votre accent avec leur figure de jocrisse et leur sourire de crétins en disant "Te faches pas je plaisante !" (mais bien sur ),en plus Dany Boon a frappé très fort,pour un coup d’essai ça va etre un coup de maitre ça sera plus rapide que pour nous.Il va vous faire passer pour des imbéciles (et je suis poli ) en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.Vous allez avoir du mal a rattraper une bourde pareille.

Cela dit ne voyez aucune méchanceté dans mes propos “Le flatteur parle bien,l’ami parle vrai”,je suis méridional et quand je vais dans le Nord si je pleure c’est de nostalgie pour les moments passés,mon amitié pour les gars du Nord ne doit rien aux gens du shobizness (surtout pas ),mais a ceux que j’ai connu sur place et avec qui j’ai vécu et travaillé….c’est pour ça que je compatis avec tendresse à ce qui vous attend.

Merci à loupiat pour ce commentaire très pertinent.

Pour ma part, je ne m'inquiète pas du tout des effets que redoute Loupiat... Ce film fait parler du Nord, tant mieux, il véhicule une image archaïque, c'est complètement vrai, mais à mon avis, ce n'est pas si grave, dans quelques années, on l'aura oublié, les temps changent, c'est la "zapette" qui commande désormais, et, même si le film fait beaucoup d'entrées, ce n'est que provisoire! Moi aussi, je l'ai vu, et j'ai été amusée et attendrie, j'ai passé un très bon moment, et puis voilà! On peut passer à autre chose... Au moins ce film n'est pas un film "bling-bling" comme un autre film récent!
Les nouveaux touristes qui visitent Bergues, on ne les verra plus dans quelques mois, au mieux quelques années! D'abord, ils vont vite s'apercevoir que personne ne parle ch'ti, ou juste comme ça, pour rigoler... Au contraire, les gens du Nord (et j'en suis, donc je sais de quoi je parle...) ont à coeur de "bien" parler pour être sûrs d'être compris, et pour que les gens qui font le détour par le Nord-Pas de Calais (vous en connaissez beaucoup, vous, des gens qui viennent dans la région, juste comme ça, par simple curiosité? Moi pas!), pour que ces gens donc, se sentent accueillis, et qu'ils gardent de bons souvenirs de leur passage!
Il ne faut pas accorder à ce chouette film plus de vertus qu'il n'en a... Les gens du Nord se sentent valorisés, ça change un peu, qu'ils en profitent, ça ne va pas durer!
C'est vrai qu'il y a d'autres films qui mériteraient une plus grande publicité, j'ai été très émue par "Quand la mer monte", ce ne sont peut-être pas les mêmes spectateurs pour les deux films, et alors? Evitons de jouer les intellos, je ne suis pas fan de Dany Boon habituellement, mais il a fait quelque chose de bien, alors ne boudons pas notre plaisir, et pour le reste, on verra plus tard!
Entre nous, l'image véhiculée jusqu'à présent était-elle si flatteuse: quand un journaliste veut faire un reportage sur l'alcoolisme, la misère sociale, le chômage, l'obésité, la dépression, la maltraitance, les femmes battues et j'en oublie (tout ça ensemble, ou séparément, au choix...), où va-t-il, d'après vous? Facile, à Roubaix, on trouve tout ça, et c'est à 1 heure de Paris en TGV, alors???...
Voilà, j'arrête, je voulais juste "rendre à César..."
Amitiés!

P.S. le beffroi de Bergues est certes très beau, mais celui de Douai est bien mieux! Quand je sortais du lycée le samedi midi, j'avais droit à un concert du meilleur carillonneur de tous les temps, et je ne le savais même pas, ça fait du bien de se dire ça!

Hélas, la banderole déployée samedi soir lors du match Lens-PSG ne fait que confirmer ce que je ressentais depuis des années! Alors, pour une fois qu'un film bouscule les préjugés, il faut se réjouir, et ne pas avoir peur de l'avenir, le mal est déjà fait depuis longtemps, tu ne crois pas, Loupiat?