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4 lectures autour de Shakespeare - Bibliothèque de L'Odéon

Bibliothèques de l’Odéon, « Shakespeare dans l’atelier romanesque »

La passion française pour Shakespeare commence un jour de septembre 1827 où Alexandre Dumas quitte son bureau de bonne heure pour se rendre à la première de Hamlet au théâtre de l’Odéon et retrouve dans la salle Victor Hugo, Charles Nodier, Delacroix, Berlioz, Théophile Gautier, Vigny.... Passion que Berlioz résume ainsi : « Shakespeare, en tombant sur moi à l’improviste, me foudroya. Son éclair, en m’ouvrant le ciel de l’art avec un fracas sublime, m’en illumina les plus lointaines profondeurs. » Tous, au cours des années suivantes, vont traduire dans leurs compositions l’incandescence de cette rencontre. La jeune génération se divise en deux camps, note Théodore de Banville, « d’une part les romantiques, et de l’autre, les imbéciles », le mot romantique venant à signifier pour le second groupe « homme qui connaît Shakespeare et avoue qu’il le connaît ». Il pointe le début de l’hamlétisme : « Toutes les récentes névroses compliquées, musicales, idéalement torturées par la soif de l’exquis quintessencié, qui se croient si modernes, et le sont, viennent en droite ligne d’Elseneur. »

Quatre soirées de lectures dans la salle Roger Blin, les 29 et 30 avril, 6 et 7 mai 2014, visiteront divers textes de la littérature française inspirés par ses personnages les plus mémorables, de Hamlet à Lady Macbeth, Othello ou Lear, de Falstaff à Caliban.

Mardi 29 avril à 18h : Le doute et les ombres

Mercredi 30 avril à 18h : Du grotesque au sublime, duo avec Dominique Parent :

Mardi 6 mai à 18h : Les passions funestes, crime et vengeance par Dominique Parent seul

Mercredi 7 mai à 18h : Jeux d'illusions, masques et dédoublements, duo avec Dominique Parent

**Le doute et les ombres **: Comment les romantiques français découvrirent-ils Shakespeare en France ? Quelle stature philosophique donnèrent-ils à Hamlet, incarnation du devoir de vengeance et de l’artiste rêveur, et à Ophélie, figure de la douce démence et de l’amour contrarié ? À quelles parodies et critiques l’ « hamlétisme » a-t-il donné lieu ? Textes de Chateaubriand, Hugo, Vigny, Dumas, Musset, Sainte-Beuve, Flaubert, Banville, Baudelaire, Laforgue, Mallarmé, Claudel, Gide…

Du grotesque au sublime : La réversibilité du grotesque et du sublime s’alimente de nombreux modèles shakespeariens, dont Richard III, Falstaff et Caliban, incarnations de l’ivresse, de la démesure, du mensonge, de la difformité, de la bestialité, de la monstruosité physique ou morale, ou d’un mal qui n’inspire pas seulement l’horreur mais aussi le rire ou la pitié. Textes de Chateaubriand, Stendhal, Hugo, Gautier, Dumas, Flaubert, Renan, Barbey d’Aurevilly, Jarry, Ionesco, Novarina.

Les passions funestes, crimes et vengeance: Le couple Macbeth, Othello, le roi Lear font partie des figures à la fois terrifiantes et pitoyables à l’origine de nombreux portraits et situations romanesques : du bonheur dans le crime à l’autodestruction sacrificielle, en passant par la volonté de puissance, l’obsession de sa culpabilité, la jalousie morbide, la soif de vengeance, la rupture des liens familiaux. Textes de Dumas, Hugo, Vigny, Balzac, Gautier, Flaubert, Barbey d’Aurevilly, Proust, Claudel, Vercors, Céline, Ionesco.

Jeux d’illusions, masques et dédoublements : Découverte tardivement en France, la comédie shakespearienne plaît par sa fantaisie, son inventivité scénographique, sa capacité à exalter les pouvoirs du théâtre, ses potentialités romanesques, et la richesse de son questionnement existentiel sur la nature de l’homme, via la comédie des erreurs et le motif du travestissement. Textes de Staël, Nodier, Stendhal, Hugo, Gautier, Sand, Rimbaud, Copeau, Artaud, Beauvoir, Aragon, Yourcenar.