Les questions se bousculent après Avignon. La première sous forme de surprise c'est qu'Avignon existe, y jouer relève de la prise de conscience. Ce qu'on ne peut s'empêcher de nommer travail occupe les spectateurs. Ils nous parviennent quelquefois épuisés, rien n'est plus risqué que d'intervenir à 22 heures en pleine nuit. Est-ce résistance à l'énorme foire commerciale à théâtre qui s'ouvre aux marcheurs dès l'arrivée en ville, ou perplexité devant cette excentricité du libre choix qui place la facilité ou le détournement comme critères d'excellence, le public cherche son orientation et paraît se craindre lui-même (ce qui peut se comprendre en pics de surpopulation). De quoi je veux parler ? Du sentiment trouble qui s'est propagé lorsqu'on s'est rendu compte que nous avions voulu faire du théâtre. "Sous l'Oei d'Oedipe", un texte joué, dernière des pesanteurs quand rien ne compte.