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Bonne reprise dans la montée
Ce n’est pas de s’y remettre qui fut difficile, puisque l’été s’est présenté sans coupure. Resté à Paris ces deux mois, j’ai agrémenté le quotidien d’un aller-retour Gennevilliers, à vélo – voir blog –, séjour en tribu de théâtre, option Carthage. Nous avons fait les guerres puniques avec mes camarades acteurs, quinze autour du général Sobel, bientôt vingt et trente avec l’appui de la technique et du staff officiel de ce club de vacances formidable, le T2G. Maintenant, les copains et les visiteurs me prennent pour Hannibal. Pas moi docteur, pas encore, mais j’essaie, c’est vrai, de me faire passer pour ce grand général – voir blog et articles. J’ai, entre-deux, pris la robe. Ce n’était pas des plus raisonnable au milieu de toutes ces histoires d’hommes, mais je n’ai pas résisté à l’offre qui m’était faite dans un autre club de vacances, chez Arte (pas la pizza, la chaîne télé), de jouer à Ainsi soient-ils saison 2, sous le costume et la mitre du père Poileau, j’ai adoré. Romain carthaginois et apostolique, un été bien rempli. Qui c’est qu’a dit qu’a plus de saison ?
Aujourd’hui, regardant devant nous, je tombe dans le rétroviseur : notre année dernière fut belle et couronnée par Chassez le naturel, point final de Cousins de Rousseau, thème cher à la compagnie depuis deux ans. Tournée de janvier à mai, puis reprise à la Bastille de ce duo dansé, avec une progression à faire bomber le torse si nous avions donné dans le sport, mais ce n’est pas le cas. Nous, ce serait plutôt dans l’art cru, distinct de l’art fumé. N’importe, les sensations furent divines et le partage en scène avec Jonas Chéreau de plus en plus sensible, imprévisible et accompli. Occasion de remercier toute l’équipe réunie autour de cet objet. Nous le quittons avec émotion, sentiment oui, d’avoir fait une chose unique et rare, d’être allé au bout de cette respiration de l’écriture chez Jean-Christophe Bailly et d’avoir grandi la danse. Celle des mots accouplée à celle des corps. Et puis sensation plus personnelle, d’aborder des choses compliquées ne renonçant jamais à cette rage de l’expression chère à Ponge, les doigts gourds peut-être, mais de les rendre accessibles à tous, accessibles et chantantes.
Nous ne reprendrons pas Chassez le naturel, le décor est plié. Reste à monter les images filmées à la Bastille. Ce qui est en ligne de mire, a partie liée au Théâtre du Rond-Point : 36 nulles de salon création d’une pièce sélectionnée au comité de lecture de ce théâtre. Elle sera d’abord fabriquée à Évreux, où Philippe Dereuder, directeur de la scène nationale d’Évreux, invite la compagnie en résidence avec un complice presque régional : le comédien Olivier Saladin. L’année se compose aussi d’interventions courtes, lectures ou concertextes. Je dois retrouver Louis Sclavis à l’occasion de manifestations littéraires. Reprise aussi de L’invitation au fromage à Maubeuge. Et notre projet à longue distance va se focaliser sur la création d’auteurs récents. En essayant d’influer sur de nouveaux types de manifestations consacrés à la découverte de l’écriture théâtrale – voir blog