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D’hier à tout de suite
Entre deux trains – entre vols et rails plus exactement –, puisque quittant une brève retraite au Portugal, nous partons pour Cannes, avec la reprise de Chassez le naturel, un soir unique le 16 octobre. Pendant que d’obscurs dirigeants d’Air France exhibaient muscles et Rolex à ras d’Google, que l’indignation se mêlait aux égouts, agités par Nadine Morano en maillot mono, nous faisions retraite au couvent de Motemor-o-Novo, où tout paraissait plus important, plus intense, sous la direction de Tiago Rodrigues, avec qui nous préparons Bovary et Occupation Bastille pour le printemps 2016.
Maintenant, lectures et spectacles compagnie, quelques jours en reprise. Reprise dans les chaussettes ? Pas vraiment, il faut façonner et remettre en scène. Ce sera le cas pour Chassez le naturel, qui revient aux origines et se déroule sans les décors de Michel Vandestien, sans les grands arbres et dans un exercice dansé plus accompli. Une nouvelle version, une autre économie. Préoccupés de l’état du monde. Aucun couvent, aucun lieu de répétition, aucun spectacle faisan-compagnie ne se distance de la vie courante et des bourrasques. Rien des saloperies constituant chaque matin la rumeur du monde, ni le théâtre des grandes déclarations ne nous échappe. Conscients des mots et de leurs intonations, conscients des intentions à ne jamais lâcher, contrairement aux parleurs assermentés nous ne truquons pas. Faire entendre l’animal et la nature dans le texte de Jean-Christophe Bailly, réparera un peu de la désespérante comédie sur le climat, ses conférences et ses nuées de menteurs. C’est notre façon d’être sur le terrain, auprès de ceux qui changent le monde, sur le terrain d’abord.