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Resté dans le tiroir

Lorsque La Voix m'a demandé un « regard » j'ai voulu m'entrainer à rédiger en 1500 signes. C'est très court. Voici un article que j'aurais aimé leur transmettre alors, moins « promo » que le précédent peut être et un peu cogneur : le sujet abordé en fin de papier est une chose dont on ne parle pas, omerta inconsciente, personne ne se bat pour un droit régional d'expression culturelle dans la presse et sur les ondes. Le combat serait-il perdu d'avance ?

Quelques lignes à peine. Il n'en fallait pas moins à Julien Gracq cet auteur du 20e siècle, habitant discret des sommets dans la littérature française, pas moins pour vous emporter et vous rendre accessible ces hauteurs de pensée, ces pics apparemment réservés aux grimpeurs chevronnés. L'équivalent d'un article de La Voix comme ce « regard ». Ce sont ces Lettrines, publiées en 1975, par lesquels l'auteur fait partager sa sagesse de « regard » en petites notes courtes. On m'a demandé l'autre jour d'en lire des extraits à Nantes. J'ai quelquefois la chance de plonger la voix dans le regard (et la pensée imaginée) d'un auteur génial, un jour Gracq un autre Mousseron, un jour Jacques Darras ou Marcel Jouhandeau, Arman Gatti, Taroun Tejpal ou Apollinaire. Je suis en scène pour faire entendre le rythme des phrases et la logique de ces écrivains, et jouer d'eux-même un peu, car je suis acteur. Donc je ne suis pas neutre, je goûte au jeu qu'ils ont à s'écrire eux-même en nous faisant observer le monde - et non leur petit monde. Et je rêve en un tour de clé, de savoir un jour ajuster une requête en dix lignes, aussi poétique et forte que Julien Gracq, aussi démocratique que participative et qui vienne témoigner de mon envie d'entendre parler du génie simplement, celui qui nous entoure. Quand France Bleu, par exemple, se décidera-t-elle à ne pas réserver aux bavardages des braves gens, à la gentillesse populiste l'essentiel de ses heures ? Et ses excellents journalistes consacreront-ils vraiment de longues émissions, non sectionnées par les flash d'info marque humiliante de la police actuelle et du pouvoir parisien ? C'est à notre porte même que nous devons relever le défi de l'intelligence et des cultures. Si cela se fait un peu, je répondrai que ce n'est jamais assez, le régionalisme en « Bleu » doit s'affranchir et faire entendre les milliers de gens intéressants. Un jour peut-être, un jeune acteur du Théâtre du Nord y enregistrera-t-il des paroles éclairantes de Julien Gracq.

Commentaires

mais paradoxe, c'est aussi un journaliste parisien comme Daniel Merme qui réussit à faire parler les gens...une belle émission hier, enregistrée dans un bistrot de Mouscron. Il me reste à découvrir ce Julien Gracq

J'ai aussi écouté cette émission. Très très bien ces interviews des gagnants-perdants de Mouscron. On peut retrouver l'émission sur le site la-bas.org « Les Zéromillionnaires » :

www.la-bas.org/article.ph...

moi je rêve d'entendre "Le Roi Cophetua" de Julien Gracq, lu par Bonnaffé Jacques

dudit acteur, une photo là :
www.krnk.net/spip.php?art...

(moi qui ne savais même pas que le faisan criait!)

Merci pour ces commentaires et rendez-vous après les fêtes. Oui François le faisan crie, il criaille dit-on c'est ce que je suis sur le point de faire : voilà deux fois de suite que ma réponse tapée s'envole. J'ai une fausse manipulation de ce cadre commentaire mais ça viendra. Je te disais des choses très drôles sur notre concert Dylan et protestait de ma bonne volonté et du plaisir qu'il y a à se faire du bien et de l'intelligence. Tu as préparé ce concert parlé sur Bob Dylan à la Maison de la Moésie, (tiens une faute de phrappe) et c'est bien l'essentiel, tout ce travail de traduction et cette écriture pour la scène d'une complainte Dylan qui retrace sa vie et nous autres, maigres disciples d'alors et spectateurs, qui avons fait la fortune de Bob. Nous avons des parts en sa légende, même ridicules. Tu as écrit cela en intelligence, comme on disait intelligence avec l'ennemi, irrespectueusement et point trop solitaire, entouré, la soirée fut sulfureuse, ce 20 décembre à Paris, et Dylan attend des compléments.

Un ami belge m'a raconté l'affreuse mésaventure de ces joueurs à Mouscron, drole d'histoire belge, ironique et cruelle. Oui il y a avait de quoi faire de la radio sans doute, alors comment fait-on pour en être là à l'échelle des régions, France Bleue, si peu de sujets rares ? Ne serait-ce qu'une heure pleine, sans coupure info, avec des gens divers et passionnants et créateurs et tout ce qu'on voudra. Imaginer aussi des émissions` qui soient préparées par les interéssés eux-mêmes, imaginer du travail de studio développé et des temps de réverie littéraire, des voyages sonores radiophoniques. Je dois vraiment être un peu à côté de la plaque. Mais j'insisterais volontiers. JacquesB en réponse à l'trognon.