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L’insurrection poétique
Jacques Bonnaffé, parrain de l’édition 2015 du Printemps des poètes : L’insurrection poétique, désirant poursuivre le mouvement, la prolifération printanière de cet événement entre villes et régions, avec son fils Léon, s’est confectionné une petite forme changeante, adaptée aux lieux et aux circonstances, bourrée de citations, de fusées. Et « pleine de poésie » comme il convient de le dire en plissant les yeux.
On se balancera quelques poèmes bien sonnés dans les gencives, ça va secouer le Printemps
, j’ai dit comme ça à mon gars Léon, c’est l’insurrection, tu comprends, on n’est pas tout seul. Tu me files un coup de main et le public aussi s’il peut suivre. On s’y met tous !
Ça contamine, ça prolifère. On finit par se retrouver avec des foyers d’insurrection « contre tout ce qui enjoint, simplifie, limite et décourage », comme l’a écrit Siméon pour le Printemps des poètes. Y ajoutant que son principe rebelle est le sentiment du Oui ! Il a tapé juste, la poésie s’est révélée propice à dénouer ces angoisses latentes, cette lassitude de soumission et d’enclave. Entendre autre chose, entendre à nouveau les mots pour ce qu’ils veulent dire, entendre ce qui leur échappe. On s’est fait un répertoire changeant, plus ou moins classique, adapté à la circonstance. Et puis on est allé puiser sur le site du Printemps des poètes pour les récentes trouvailles, portant crédit à cette idée que la poésie guérissait mieux que tout, selon les dosages. Et qu’on avait intérêt à identifier nos allergies. La formule a pris. Et les lieux nous trouvent. Ça tourne, comme les bons poèmes. Nous pétrissons ensemble cet inconsolable besoin d’entendre la langue, imaginant penser avec le corps, comme l’affirmait Mallarmé. Mallarmé ? Pas si mal en fin de compte, puisque nous nous retrouvons en scène.
Les auteurs que nous parcourons sont essentiellement Rimbaud, Queneau, Verlaine, Rabelais, Norge… et pour les contemporains Jean-Pierre Verheggen, Ludovic Janvier, Jacques Darras, Valérie Rouzeau, Yvon le Men et aussi quelques auteurs proposés sur le site du printemps des poètes Ian Monk, Christian Olivier, Dominique Sorrente…
Drôlerie désarmante
Le public, samedi soir, n’a pas été déçu. Quelle présence, quelle énergie dans le jeu et les échanges entre les deux comédiens. Tour à tour sur scène ou devant elle, vadrouillant sans cesse, le jeu consistait à dire avec force des textes issus du « répertoire », tout en rebondissant sur les situations et les mots pour plonger goulûment dans d’autres textes, avant de glisser une anecdote racontée, bien évidemment, en vers et d’une drôlerie désarmante. Un grand moment de culture que les amoureux du verbe ne devaient manquer sous aucun prétexte, tant cette insurrection poétique débordait d’intelligence, de beauté et d’intensité.
Source : © Le Télégramme de Brest
À venir…
Après Bouchemaine et Saint Agathon, après le Centre Wallonie-Bruxelles en mars : le Festival du Mot à la Charité-sur-Loire 30 mai et Charleville au musée Rimbaud le 27 juin.