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Suite Gazette : collection Printemps-Eté, les banquets...

Printemps 2010, bilan... Dans les temps de tournée viennent se nicher des occasions d'un soir, marque de fabrique de la Compagnie à défaut de mises en scène plus longues : les événements. Ce sont formes éphémères mais qui mobilisent l'équipe plusieurs jours, facilement d'avantage. Ce printemps, Nicole s'en souviendra, il y eut Le Banquet de la sale défaite à La Maison Folie de Wazemmes, un événement autour du vélo le 9 mai qui nous a mobilisé dès juillet 2009. Une foule de points techniques, administratifs à couvrir pour, à l'arrivée, une communication fort défaillante sur place. Faisan Bureau essayait depuis des semaines de motiver les clubs cyclo de tous bords, espérés pour l'ouverture de cette journée spectacle. Bel aboutissement malgré tout, avec reprise partielle de 54x13, dans une scénographie de Michel Vandestien et José Froment, avec des jeunes intervenants sortis de l'école du Théâtre du Nord, un auteur à suivre, Philippe Bordas et des musiciens Lillois : Alexis Thérain et Nicolas Mahieux…

Le Banquet du peigne à reluire à Oyonnax, le 28 mars fut précédé de deux représentations appréciées de Joue moi quelque chose, texte de John Berger. Aboutissement d'un travail en scène avec accordéon, Philippe Bourlois notre Lyonnais, exceptionnel ; suivi à la régie lumière par Hervé Bontemps, rencontre heureuse et prometteuse, que nous devons à Irène, notre présidente adulée. Le Banquet « discours » se faisait avec Yannick Jaulin, jamais pris au dépourvu, un duo parleur célébré par Brigitte de Malau qui fit contre vents et marchés une table somptueuse et nature à la fin du spectacle. Cette idée de mettre en place, confectionner ou cuisiner dans la durée même de la soirée porte avec elle pas mal d'avenir.

Rien ne se fait dans la patience ou dans les coups d'urgence sans le relais de Nicole Béchet, notre madame Nicole pour l'administration et les coups de fil. Ne pas chercher à contourner, ou faire comme si on pouvait traiter direct avec l'artiste, cela déclenche des tumultes vengeurs, faisan bonne mesure et mauvais ménage.

Regard rétrospectif. Au cours du printemps beaucoup de lectures ou d'interventions éclair. L'activité faisan, se plait surtout à bouffer des plumes sur l'Oral et Hardi, toujours très demandé. Notre tournée passe par l'étranger désormais : Liban, Tunisie en avril et Lomé au Togo en juin, ambassadeurs d'une francophonie tonique agitant ses rhétoriques et sa grammaire pour mieux se moquer d'elles, présentée comme un tour forain de la langue française. Il y a encore de nombreuses demandes pour ce spectacle tout en muscle et parade, réadapté en allocution poétique décousue pour la séance d'ouverture de Paris en toutes lettres, festival qui fut aussi l'occasion de faire entendre les pages du roman Les Coups de Jean Meckert, texte vibrant prolétaire, accompagné à la batterie par Nicolas Fenouillat.

Chère Arlette,

J'ai pris mes “Coups” sous le bras ; je n'oublie pas que je te les dois et t'en suis reconnaissant plein le dos et plein les poches… Je laisse venir doucement un montage qui sera percuté à la batterie par Nicolas Fenouillat. L'initiative m'avait titillé d'entendre des mesures de danse, des javas, paso-doble ou des blues, toute la saveur par les baguettes sur ce récit populo. Je me suis dis qu'en tirant sur ce fil, lui proposant une ambiance de bal mais aussi des reprises de Fréhel, Gabin à Cappella tout en veillant à de ne pas faire vieillot, tout ça jouerait bien. Roulements et frappe dansés, plus quelques volées de coups. Le texte est si net, envie de pratiquer le montage en loques de langue à certains endroits. Certes garder quelques chapitres presque entiers, mais réussir à trouver des pistes lancinantes, répétitives ou obsédantes dans la tête de Félix.

Texte envoyé à Arlette Namiand, qui nous avait fait connaître ce roman extraordinaire.

Dernière date avant l'été, Casanova forever à Montolieu, Centre d'Art et de Littérature. Un souper ambigu dirigé par Brigitte de Malau, où la célébration de la table, et de Giacomo Casanova, donne lieu à une installation subtile, rythmée sur la tombée du jour et l'intervention croisée d'acteurs serveurs danseurs. D'abord bâtie autour de textes de Verheggen, et de citations livresques du sublime séducteur, la soirée renonce au banquet, faisan dîner-spectacle. C'est le désir de ces nourritures et leur combinaison avec l'esprit qui nous tient en appétit.

Un été bien rempli, tranquille... Des lectures et les voyages. Un séjour prometteur (et qui ne s'en tiendra pas à cette seule édition) à Alloue, maison de Maria Casares, lieu actif de rencontres et de création, pour une lecture « Jouvet, Dulin, Coppeau » dirigée par Patrice Bornand. Bref passage en Avignon pour l'hommage à Alain Crombecque, ancien directeur du Festival. A cette occasion choix d'un parcours dans l'œuvre de Francis Ponge avec cette joie de retrouver La Rage de l'expression en ce mois de juillet, sa discipline et son exigence novatrice aux accents contaminants. La poésie se rappelle à nous comme un temps magique d'écoute, particulièrement en Avignon, hors de ces labeurs d'élocution forcenée qui bourdonnent à nos oreilles sur les ondes et partout, où croit s'identifier le présent. Grand blabla qui nous encercle et sans lequel nous serions censé dépérir.

France Inter vient de perdre son émission du matin dirigée par Vincent Josse, celle qui faisait la différence en nous sortant des ragoûts d'actu rallongés. Esprit critique — mais supporte-on les critiques ? — se voit remplacée par une heure conversationnelle, aérée de billets d'humeur et de chroniques narcissiques. La tchatche mise en vedette au dépend de la culture. Et tout le monde de s'émouvoir de la perte de deux humoristes, poils à poiler du global blabla, bons vivants de l'info politique, la faisant vivre à l’occasion. La culture et ses pages demandent semblent-ils trop d'efforts, ou ne passe-t on pas son temps à regarder les compteurs d'audianece en prenat les gens pour des cons…

"Le langage ne se refuse qu'à une chose, c'est à faire aussi peu de bruit que le silence." Francis Ponge

Fin juillet, Août, ce sont ensuite les tournages qui m'ont tourné la tête, l'un surtout consacré à La République des enfants, dénomination historique d'une forme d'autonomie qu'ont pu vivre les classes parfois sauvages au sortir de la guerre. Cet hommage implicite aux écoles Freinet, filmé par Jacques Fansten dans une nostalgie des marches révolutionnaires qui ont enchanté certains camps d'été, nous a plongé dans une colo intense, au milieu d'une vingtaine de mômes de tous âges incroyablement libres, intéressants et responsables.

Rentrée, le programme reste à écrire.

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