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Résumé des derniers mois....

Les choses s’enchainent depuis l’été dernier, quelquefois elles m’échappent dans l’accélération qui les mène. J’ai de bonnes âmes régulières pour me rappeler que c’est toujours mieux que d’être sans boulot. La chance. C’est simple, lorsque j’essaie de prendre un point de repère je repense aux nuits de Fourvières, juillet 17, et je tombe sur cette photo, avec Fellag. Nous avions quelque chose à faire ensemble et je me dis que cela continue d’une autre manière. Et que je dois un peu lui emprunter ses mots et sa douceur joueuse, parfois cruellement réaliste. La louange, l'apologie amicale est un stimulant, ces instants où repensant à telle scène mémorable partagée, nous aimons faire marcher nos litanies heureuses, délicieusement algériennes dans mes souvenirs, qui égrainent les qualités du clan avec des sortes de bénédictions et puis celles de chacun (en jetant les mains au ciel) et en fin de compte à n’en plus finir, les qualités de tout instant avec des exclamations ! Ah Michel, comme il était différent mais tellement bienveillant et cherchant vraiment à se rendre utile, aïe aïe aïe ! J’ai perdu mon petit frère au sortir de l’été, et les sensations du monde soudain ne donnaient plus pareil, il y a toujours un point sombre une absence une ombre, le regret de n’avoir pas pressenti cette interruption sans appel. Et puis la vie redonne un peu de jus, en scène ! Avec Minvielle à la rentrée nous avons fait ce que j’appelle un « Nord/Sud » à Sète où je dispose d’une carte blanche tout au long de l’année. Très beau théâtre dans une très belle ville, manquerait plus qu’on fasse du sale boulot ! Pourtant, on s’est pris le nez quelquefois, par la musique et par l’égo… André était précédemment de l’aventure Fellag à Lyon, des nœuds d’angoisse libérés en chanson, un insoumis sans carte ! Au final on termine en envoyant nos chapeaux en l’air, toujours. De mon côté je garde une envie de peaufiner la présentation : moins de hasard, moins de bazar dans les placements d’objets, mais André a besoin travailler dans ces contextes, sensation de labo fou, comme pour équilibrer ce don du rythme quasi monstrueux qui le possède. On cherche au théâtre un aspect moins aléatoire, le naturel est très préparé. Pour aller très loin dans l’hyper déglingué, il, faudrait plus de temps… Je me sens déformé par tous ces spectacles qu’on ne joue qu’un soir. Art électrique de la performance, je redeviens un petit enfant quand je vois les autres travailler et prendre leur temps. Ce trimestre d’automne 17 fut d’abord tout en secousses, avec pas mal de lectures, l’une ou l’autre réussie, je pense à une soirée Baudelaire avec Gérard Macé à la maison de la poésie, Gracq en bretteur de foire, deux soirées Serge Pey à Toulouse même en décembre, et d’autres, 12 au moins sans compter les enregistrements pour France Culture, faits parfois avec trac, je perds mes moyens ça m’arrive, je bafouille et piétine avant que ça ne reparte à peu près, il y a dans les studios un effet mat, une impossibilité de s’entendre qui tourne à la torture sensorielle. Bien sûr, je suis très heureux de la responsabilité qui m’est confiée et de préparer ces émissions quotidiennes, mais j’arrive à l’enregistrement en claquant des genoux. Et du coup, j’ai eu besoin de remontant, je suis retombé dans un vice terrible : j’ai repiqué avec entrain dans le Ch’ti pur, avec Zeph Cafougnette en effigie et Raoul ! D’abord une soirée d’hommage à Raoul de Godewaersvelde, la 713 eme au moins depuis son décès il y a 40 ans, putain on est peu de choses, chantons chantons… C’était à Lille en Novembre. Et il y a eu des rebonds, comme toujours : invité à « Feux d’hiver » à Calais ça m’a donné l’envie de créer « les Vieilles Carettes », mélangeant ces textes cet humour local de tradition avec des choses neuves et plus corsées. J’ai repensé à Fellag, parfait guide d’impertinence et d’esprit. Me donnant le défi de défriser le public à l’endroit même où il s’abandonne à la complaisance… « Non, parce que le patois, ça va bien cinq minutes, je leur disais, on ne va pas retomber dans l’attendrissement ! Assez de nous-même, un peu des autres aussi ! » Des modernes et de l’humain !

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