Vous êtes ici

Pourquoi je ne serai pas candidat

Un article pour la Voix du Nord

Mon cher Papa, ma vieille branche. Aucun moyen ne me semble assez grand pour te passer des messages depuis ma tournée sans cesse allongée. Pas la tournée des bistrots, rassure-toi, celle des théâtres avec pièces et solos qui m’amèneront à Lille à la fin du mois de mai au Prato mais chut ! C’est entre nous… Je ne suis pas dans ces lignes pour étaler ma promo ! A la rigueur me faire pardonner une forte baisse de mes visites à Douai, par voie de presse c’est du dernier mieux.

C’était l’horizon

Si je pense au Nord pendant tous ces déplacements ? Oui, souvent. Cela passe par quelques phrases en ch’ti sur scène ou dans mon dialogue interne, sensiblerie vitale. Et puis tu sais, j’ai pas perdu mes racines : la région vient de me nommer ambassadeur du plan forêts ! J’ai accepté, disant que l’arbre m’avait élevé dans la vie. Souvenir de ces promenades dominicales où petit poucet guetteur à l’entrée du bois de Lewarde je grimpais le plus haut, au cas éventuel où vous auriez décidé de nous perdre. Plus tard, grâce à Giono que tu me fis découvrir, l’homme qui plantait des arbres m’a donné de vraies racines de nordiste profondes jusqu’en Provence… A part ça les nouvelles ? Tout est hors de mesure, on n’a jamais vu une telle crise ni pareil puits sans fond, pire qu’à l’ fosse ! Jamais vu de tels écarts non plus. Salaires et bons de loterie mirifiques : l’invention du gagner plus pour gagner plus ! Et malgré tout s’accroît cette volonté de défendre l’égalité des chances, on voudrait y croire. L’image de ce début d’année n’est pas un tsunami cette fois mais un énorme navire échoué dans une crique à baigneurs. On est allé trop loin, les mastodontes de l’économie vont se coucher à leur tour, capitaines de la finance rescapés sur la terre ferme, portant parachute en cinglés finis ! Tu comprendras pourquoi, bien qu’en pleine campagne (près des Monts du Forez), j’ai renoncé à ma candidature. Je profite de cette Voix de presse pour l’annoncer, je crois que ça se fait.

Colibris…

Ou alors soyons tous candidats comme le propose Pierre Rabhi ! Oui, mais comment former le gouvernement ? Pour décider de ces choses sérieuses, je propose d’attendre le carnaval. S’il pouvait offrir un répit moqueur à tous, nous aurions en tête de la bande Ubu, banquier des banques, serrant les gouvernements dans son croc à phynances, un secouriste naufrageur, le commandant couard en tenue Saint-Tropez et des fous de labos, trafiquants de grosses lolottes gonflées sur la plage de Malo. Au moins, il en resterait de l’émotion puisqu’on est dans le coin et que c’est la came la moins chère. Entre rires et larmes amères, on passera de carnaval en Carême, mais pour une sobriété heureuse avant tout ! Vénérable père, génialogique et végétal Pierre, je te célèbre, je te salue !

Ajouter un commentaire