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Loin d’Hénin, loin des nains. Il n’y a pas que l’actualité Marine dans ches corons
Faut regarder l’autre aspect des régionales en cours : des réalisations qui mettent en joie. Mairies entreprenantes qui rendent concrète et quotidienne la démocratie participative. On pense à Loos-en-Gohelle et à l’équipe de Jean-François Caron qui parle écologie et progrès. On pense à Christian Champiré, élu communiste, à la ville de Grenay qui a toujours placé la culture et l’art comme rempart à l’insécurité et la haine nationaliste. On aime la liberté, l’intelligence, on aime Grenay. On s’y trouvait le 20 juin pour l’inauguration de l’ médiathèque-estaminet, réussite architecturale sans conteste et réussite populaire, de celles chères à Ronny Coutteure ou à Cafougnette…
Dites-moi, ces derniers temps, on peut dire que vous avez de la chance à Grenay ! Moi je ne fais que passer, mais ça bouge non ? Vous allez me répondre que vous l’avez voulu… Je ne dis pas le contraire, ça se choisit la chance ! J’en vois pas loin d’ici qui, à force de rester frileusement dans leurs habitudes, finissent par s’attirer la déveine. Il faut savoir sortir et s’aventurer, sans en faire une quête solitaire réservée aux seuls héros pétants de santé toujours jeunes et faciles au succès. Non, la véritable aventure c’est d’être ensemble et de se réjouir des contrastes. Parce qu’on a beau faire il y aura toujours des différences et toujours elles nous apporteront l’attendrissement, l’incompréhension, l’éclat de rire, la rage, l’étincelle de génie, la peur, le désir, le spectacle et le gout des autres. La culture c’est tout ça, cet « ensemble ». Aucun rayon de vente ne peut l’apporter, aucun service à domicile ni, par internet, aucun clic, aucun site magique. Il faut faire les mélanges soi-même. Bon, vous me trouvez très compliqué, je reprends.
La médiathèque Estaminet
Me voilà dans les rues de Grenay le jour de l’inauguration de la médiathèque-estaminet, une belle journée, inoubliable, à l’image de ce bâtiment presque envolé, dessiné et gracieux, où l’on a décidé de faire confiance aux usagers, citoyens de tous âges et de toutes conditions. Le e d’estaminet, c’est eux, c’est nous. Ici, tout le monde peut entrer. Et nous étions là, tous en émoi et joyeux, bien serrés comme au cortège, Monsieur le Maire et la fanfare, le président de région et la bande punk des Choux marins, les gamins dans leurs bolides faits-maison, les Gilles d’à côté, les grosses fesses et les petits culs, les officiels, les pique-assiettes endimanchés, les rigolos, les prétentieux, les fans et les grincheux, les voisins, les curieux… Bref tertous à l’ fiête ! Un dessinateur s’en serait donné à cœur joie ! Au moment de couper le ruban, on s’est dit qu’on avait de la chance, autant le dire haut et ne pas se cacher, c’est humain, la fierté ! Voilà pourquoi j’ai fait min discours au milieu des autres, pour dire que si la culture elle coûte ker, quand i d’n’a pas cha coûte incore pus ker ! Victor Hugo, qui parlait pas si bien le ch’ti, avait bricolé ça à s’mode pour l’Assemblée Nationale : Vous trouvez que la culture coute cher ? Essayez l’ignorance…
Alors oui, vous avez de la chance d’avoir une médiathèque-estaminet et je vous envie tellement que je viendrai y faire d’autres discours et vous raconter des berdoules en compagnie de Zeph Cafougnette.
Et vous avez de la chance d’avoir une place bleue
Car je connais son histoire. Par une belle nuit sans loup, Ali et Christian m’ont raconté ce projet fou dessiné par Carmen Perrin. C’est à mes yeux une des plus belles réalisations d’art de l’indrot, mais je peux vous dire aussi qu’elle parle écologie et proximité, par tous les schistes bleus et gris de ses briquenos. Et que sa réalisation a donné du boulot, c’est un peu d’Europe malgré tout. C’est comme ça qu’on va vivre demain : mieux, en faisant de belles choses.
De l’estaminet à l’espace, eune belle maison de l’ Coutteure !
Et vous avez de la chance d’avoir un lieu de théâtre et de spectacle si actif, tout le monde ne peut pas en dire autant. Je suis resté baba devant la saison affichée. De beaux moments en perspective et pas d’oublis, musique, théâtre et danse, solos ou clowns, artistes de rue etc. me rappelle un temps où l’on voulait tout voir. Eh bien, on y arrivait ! On était tellement fier d’avoir tout ça chez nous – j’habitais Douai –, que nous faisions des infidélités prolongées à la télévision du soir. On disait autour de nous, faut sortir ! Cha coute rin ! Faut aller voir ça ! Il faut serrer sa chance… Un tel programme, c’est un cadeau, des dizaines de spectacles, il y en a pour tous les gouts. Vous disant ça, je me fais bonimenteur. Entrez-y, approchez ! L’espace Ronny Couteurre vous ouvre ses portes, ne résistez plus ! Mais poussons plus loin, messieurs-dames. Attention ! Ne croyez pas que ces spectacles peuvent se passer de vous. Être spectateur, c’est un engagement. Et s’il y en a pour tous les goûts, ne venez pas juste y faire vos emplettes. Soyez éclectiques, soyez pour l’humour et pour le drame, pour les musiques et pour la danse. Et si, par improbable, vous n’aimez pas, dites-le, mais revenez ! Soutenez surtout, c’est essentiel, les jeunes compagnies. Ce sont les découvreurs du métier, ils créent du travail, des métiers de rêve. On compte sur vous !
Alors tournez molettes, bonne chance à Carole qui prendra le relais d’Ali Boukacem pour la direction artistique, une belle saison à toute l’équipe. Soyons Gronny Culture ou Grenay Coutteure, Ronnyculteurs et Grenay semenceurs. Semons semons ! Place à l’espace !
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