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Il y a de la reprise : "Nature aime à se cacher"
Quoi, non, ça ne se fait pas de revenir comme ça sur les spectacles joués ! On passe au suivant, allez, on n’en parle plus ! "Nature aime à se cacher (remix)" au Kino - Lille III. Ambiance universitaire idéale pour reprendre le texte magistral de Jean-Christophe Bailly, et faire jouer les ruses des deux singes. Comédiens ou danseurs, bêtes de scène dont on ne sait plus à la fin qui est le prof et qui est le singe. Mais c’est savant ! Et ç'avance, ça va loin. Un regret ? Histoire de paraitre authentique : oui ! Nous aurons à adoucir la fin désespérante, puisque basée sur les chiffres de la disparition inexorable des espèces… L’acteur doit trouver un autre guide que la voix d'alarme des documentaires réservés aux heures de grande écoute. Il faut frayer sa route en disant qu’on vit désormais dans ce monde là, on le sait, un monde abimé. Une voix très douce, en dessous, chantante.
Est-ce que ça fait de l’art ? Ou est-ce que l’art qui en sort suffit à faire bouger quoi que ce soit ? Est-ce la fonction de ce type de travaux, d'alerter sur ce que chacun sait ? Ce serait plutôt désormais alerter sur l’inertie consommée . Certains voudraient qu’on tourne les regards, vers des perspectives réparatrices, car à quoi bon se regrouper, dans ces lieux de l’art ? Face au constat insurmontable, (chaque année 140 milliard de mammifères tués pour leur viande) de notre rapport collectif au vivant, il faut admettre qu’on a perdu notre âme. Alors cette occupation de s'enfermer dans le noir au théatre, agiter des ombres et des corps ? Danser la fin ? On aura beau parler de catharsis ou d’effets à retardement, rien ne pousse à revoir ce genre de création, le présent est insoutenable. Éviter la violence des faits, permettre aux spectateur de façonner leur fable parlante. Et là dessus danser !
Ce qui détermine le spectacle est finalement ce fragment d’Héraclite commenté Nature aime à se cacher l’animal se cache dans le visible, c’est sous nos yeux humains et on ne le voit pas, l’espèce humaine est rarement la mieux lotie, du point de vue des sens (olfactifs, tactiles, auditifs... et autres) c'est vrai. L’animal et un pays, c'est à dire en le regardant, va au-delà de sa seule présence vivante, (arrêtez moi si j’animise…).
Ou bien, il arrive qu'un animal, muet, lève les yeux,
nous pénétrant de son calme regard Rainer Maria Rilke.
Texte de présentation au Kino, le 5 fevrier 2019 :
Enfermés 72 heures avec des singes... Tel pourrait être le slogan de la reprise de ce spectacle joué en 2010 à Avignon puis au théâtre de la Bastille. L’enjeu sera de déplacer dans les airs les vestiges de nos mouvements d’alors. Reprendre à nu, à même la « cage de scène », notre canevas initial... Ils livrent leur premier témoignage : un dialogue ritualisé, au-delà des différents en cours. Bouleversant.
Duo dansé sur un poème didactique de Jean-Christophe Bailly « Nature aime à se cacher » vient à l’heure où la dénonciation des conditions de vie et de mort des espèces, la notion de souffrance animale ou d’une nécessaires limite à l’exploitation du vivant, donne force aux propos de l’essayiste prodigieux du « Versant animal ». Un danseur et un comédien pour une conférence agitée, une performance sur les traces d’anciennes représentations. C’est Lascaux 2, en quelque sorte... traversé par L214 !
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