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Élitaire et pomme de terre

Mois de mars et d’avril sous le signe de la pomme de terre puisque d’une reprise de Joue-moi quelque chose de John Berger nous enchaînons avec une performance au 104, Élitaire et pomme de terre, à l’occasion du festival À voir et à manger suivi d’un atelier d’écriture mené par Marc Blanchet à La Ferme d’en Haut à Villeneuve d’Ascq sur le thème À taaable plus particulièrement dédié aux épluchures… Final le 14 avril à La Ferme d’en Haut. À taaable nous ramène à ce qui se mange. Ce qui se prépare d’abord - ou s’est préparé - nous promettant régal ou satiété ! Nous ramène à la façon d’interpréter cette particularité française selon les régions et les appartenances. À taaable nous ramène à ce qui se raconte, à table où l’on est jamais si bien pour écrire. Pour le 104, les 16, 17 et 18 mars, ces mots de présentation :

Autour de la grande cuisine du goût des autres : le goût des ogres

Des interventions impromptues avec le comédien Jacques Bonnaffé autour de textes issus de son répertoire morfale. Allocutions de campagne pour une candidature élitaire et pomme de terre, textes de Jean-Pierre Verheggen et François Rabelais, Jean-Bernard Pouy, Pierre de Ronsard, Pierre Dac, Jules Mousseron poète mineur à Denain, sans oublier l’inégalable auteur de Comment grossir sans se priver, Henri Cueco dont le Journal d’une pomme de terre a su nous faire pleurer, sans effort et sans oignons.

Présent tout au long des journées À voir et à manger, à la manière d’un étron libre, il a choisi d’être le démonstrateur. On sait comme ce personnage, parfaitement adapté aux ambiances de foire-expo, vendeur de lames, hachoirs multifonctions et rapes inoxydables a pu éveiller en nous d’ardeurs gastronomiques, et l’on a pourtant trop facilement passé sous silence des décennies d’épluchures. Démonstrateur oui, mais désormais recyclé et tendance, démonstrateur en épluchures ! L’heure n’est plus au tout-à-la-benne, elle est aux boniments ! Élitaire et pomme de terre, c’est un slogan pour un répertoire d’élégance, empruntant à la Belgique, au patois du Nord ou à Henri Cuecco « Patate mon amie, patate ma dormante princesse, je te réveillerai de ta léthargie », anthologie émouvante ouvrant aussi les bras à Jean-Bernard Pouy, Samuel Butler, Ronsard, Pierre Dac, Ponge, Verheggen ou Jules Mousseron, poète mineur et père de Cafougnette. Que les choses soient claires : cet exercice d'admiration est un boulot alimentaire. Belle, Bintje, BF15, Roseval, Viola, Charlotte ou Pompadour, elle est la Marianne des cuisines, la muse des caves. Ces allocutions de campagne n’iront pas s’égarer sur d’autres légumes, si notre démonstrateur s’autorise à jargonner sur la bière et les harengs saurs, à entamer un sermon fameux sur le maroilles, ce n’est qu’afin d'améliorer la patate cuite en apportant à ses démonstrations l’agrément des costumes, réveiller le moine qui sommeille en chacun ou la vendeuse de Gouda de nos hypers d’enfance. Pour opérer une synthèse digne du Collège de France et de la pomme de terre, il se fera démonstrateur-transformiste en épluchures, c’est dire qu’il faut le suivre. Vous, je sais pas, mais moi franchement là, j’ai rien compris à la présentation. Autant y aller…

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