Les Comices Lilloises

Comme vous le savez très certainement, la Métropole organise avec la ville de Lille la cérémonie des Miss France. Non j’ignorais cet événement énorme (d’une importance toute relative) et vous me demandez d’y prêter voix forte, je ne suis pas très défenseur de ces sélections modèles, et ne peux que constater leur succès, à double tranchant car c’est une invitation à l’ironie et aux esthétiques les plus clinquantes. Être Miss, est-ce à quoi rêvent les jeunes filles ? Ou d’autres le rêvent-ils pour elles, les yeux fixés sur les chiffres et retours investissement. Mon combat est ailleurs, et faire des interventions en ch'ti dans ces salons commerciaux, revient à faire office de curiosité, un peu sortie du zoo. J’essaie de m’impliquer auprès de communes qui proposent de s’élever autrement, dans des espaces ou les gens rêvent de devenir eux-mêmes, en se passionnant pour la culture, les accents et les mots, les corps les musiques, les rencontres, les partages d’idées, le monde en question, laissant aux défilés leurs dates séculaires, hédonistes ou religieuses. Je reconnais qu’un besoin fait signe, une émotion même, un appel à la beauté, qui se contente de faire la joie des vendeurs de lingerie fine et les accélérateurs d’infos gazette. Certains soirs on se demande comment on a pu inventer des événement de sélection d’une telle vacherie, si ça remonte aux comices agricoles ou bien au-delà, on sourit, on sait qu’en retour chacun rêvera d’aller suivre un grand concert, une pièce inoubliable, une expo bouleversante pour effacer cette sottise imposée. On est heureux des réflexions que ça nous procure, on remercie la circonstance, on remercie avec déférence d'ailleurs, car le journal MEL m’est bien arrivé et sa lecture est passionnante, son aventure inspirante, sans faiblesse et sans paillette... Le jour-dit je travaille auprès d’un auteur considérable, Pierre Michon, l’auteur des "Vies Minuscules », cela m’occupe entièrement. ah, j’aimerais avoir ses mots, sa force pour déclarer tout ceci sans vous froisser.

Le 19 décembre, comme je vous le disais plus haut, je joue à la médiathèque de Carvin, une soirée intitulée Le Nord d'Est en Ouest et consacrée à la nouvelle Grande Région, dans ses mots ses modes et ses accents.

Tel était le contenu de ma réponse à la charmante journaliste. On peut y ajouter un petit avis compagnie car cette prestation aurait très bien pu, en quelques minutes poilantes, nous garantir une trésorerie appréciable. Mais comme les questions d'argent altèrent facilement les buts visés, je précise. Plusieurs de mes engagements dans l'année sont bénévoles, et je reverse des salaires à des productions Lilloises qui ne parviennent pas à boucler le financement d'un spectacle label Renaissance avec Lille 3000. J'ai été peiné d'apprendre par le Canard Enchainé que son actuel directeur entamait une période douloureuse où il ne parviendrait bientôt plus à pouvoir faire usage de tous les salaires cumulés, avantages variés et augmentations qu'il avait obtenu dans ses nouvelles fonctions à La Villette, tant ça le submergeait. Dans les troupes du théâtre public, et dans les directions des établissements culturels, s'est imposée la recommandation ferme d'un contrôle à la baisse des salaires supérieurs. Ils vont finir par nous laisser sur les planches.