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Artiste associé de la Comète

Ce titre à l'air d'une blague, c'est en fait une de mes occupations pour les deux ans à venir : être associé à une scène nationale et donner mes travaux : lectures, concerts, spectacles et mises en scène. Disposer d'un lieu de recherche et de production, et apporter au public de Châlons-en-Champagne ainsi qu'à l'équipe la joie fertile de mon expérience, compagnie faisan.

Artistes associés

C'est par la musique et ses rapports avec l'écriture que nous avons lié connaissance à Châlons-en-Champagne. Puissions-nous garder la même bonne mesure pour la suite, en association avec Philippe Bachman et l'équipe de la Comète. Mes propositions au théâtre ont souvent débordé du cadre simple de l'énoncé, elles ne s'arrêtent pas au geste ou à la mise en scène mais promènent un cabas d'arguments, des discours et plusieurs délits de fuite : comment échapper au théatre ? En parlant patois ? En Jazzant ? En faisant du vélo ? Du vélo dans les cafés ? En montant des banquets ? Des concerts ? En se spécialisant poètes&poésie ou animateur de bal ? Les copains me connaissent mais ils m'ont perdu de vue, merci Philippe B de m'arrêter un peu, je souhaitais un toît, une adresse où me trouver. J'ai beaucoup diversifié, vous savez depuis Cafougnette et Rimbaud, on m'appelle de partout pour la littérature. Il faut remplacer Pessoa fatigué, Julien Gracq au balcon, Dylan en vol, Apollinaire aux tranchées, Gatti cassé, John Berger dans ses montagnes, Marcel Jouhandeau aux anges, Montalban en cuisine, Beckett idiot, Taroun Tejpal direct from Bombay, l'abbé Grégoire, ou assister Laurent Gaudé, Dominique Sampiero, il faut servir Jacques Darras toujours, Verheggen ou Ludovic Janvier, André Velter et les poètes contemporains, autant que je peux, j'accours. Tout ce monde en trois mois, pour conclure 2006. Je suis convoqué comme un bon musicien, le chef en déplacement. On compte sur mon répertoire et mes partitions (nous parlons musique et littérature toujours). Lorsque j'approche des livres, j'ai le sentiment de plonger dans les brouillards de leur sonorité, il masquent des voix comme remontant du souvenir d'un jour d'été, chemin de cailloux ou salon en résonnance, cet ombrage sonore qu'on voudrait ajouter aux mots écrits. Et quand il n'y a pas souvenir j'invente, un frisson d'irrespect et départ d'une musique. La définition du travail ? Jouer toujours. Etonner sur scène, mais aussi jouer les mots, jouer du texte jouer des proses non théatrales, balancer la langue.  Ou lutter contre la langue aseptisée, les intonations journalistiques d'un côté et le mou branché de l'autre, notre infantilisme consommateur. Lutter contre la police du ton, la raideur de l'informatif. Amener du gras dans la langue et pourtant bouffer mieux. Aussi, cerise sur la Comète, je vise une toque au Michelin (sinistré) des accueils : depuis certaine rencontre et l'expérience des banquets en 2004, je tiens la mise en table comme soeur siamoise intraitable de la mise en scène, elles avancent compagnie Faisan. Beaucoup d'histoires autour des bouches à nourrir, reste à savoir lesquelles et de quoi.  

L'autre jour je me suis fripé salement avec une jeune équipe qui me ressortait de l'appellation Buffet campagnard, pour conclure lecture John Berger, sur la ruralité. Je leur ai demandé de ranger les chips et le mauvais pâté et de penser les mots.

Je voudrais faire lire les têtes. Et j'aimerai donner du goût, apporter des saveurs aux rendez-vous public.

En artiste associé, associer les circonstances, tables, accueil et textes. Images et musiques et associer les personnes, comme je le fais avec Brigitte de Malau qui travaille dans la compagnie depuis les banquets du Faisan, en tant que styliste culinaire. Associer des acteurs aux recherches. Un auteur de théatre particulier, Joseph Danan dont nous monterons un ensemble de pièces courtes, emboitées comme un jeu. Ménager mes imprécations ordinaires avec des musiciens puisque nous sommes à la Comète, avec mes poètes d'au moins sept ans d'affection lumineuse : Darras et Verheggen, et Ludovic Janvier, reprise du texte John Berger, création échange avec les arts du Cirque à Châlon etc. Et il y aura un travail constant sur l'environnement la bouffe l'accueil. Dans un coin de la tête j'appelle ça des économies solidaires car j'en ai parfois assez de voir dissocier les frais de réception et la scène, et de subir les maneuvres habituelles de ce genre de marché. Gens de scène et si loin du monde, le jeu des cuisines est passionnant, affolant et vrai, c'est le jeu du monde.

On n' a pas réussi à s'entendre au TILF l'autre fois avec la nouvelle taulière, elle n'admettait pas que je veuille préparer et cuire des tartes aux pommes en scène pour l'hommage à Coltrane. C'est dire que j'ai du mal à m'expliquer, c'est d'ailleurs pour cela que je m'obstine à être acteur pour tenter de finir une phrase confuse entamée il y a sans doute quelques années. Parce que tout est à refaire et que nous le faisons du seul côté où c'est vraiment possible : au théatre, de l'autre côté de la vie comme aurait dit Louis-Ferdinand Céline à propos des romans.

Commentaires

bonjour, j'ai trouvé ce bille fort intéressant :) je me demandaius pourquoi cette précision : c'est dire que j'ai du mal a m'expliquerb... ;) je te souhaite une bonne conyinuation !