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Du Banquet de l'Afrite du Nord

Présentation du Banquet réalisé avec "La Comète", scène nationale de Châlons en Champagne, le 29 mai 2008, en compagnie de Fellag.

Misotte Zeph Cafougnette, artriste au Nord en ses heures lointaines et ci-devant associé Cométien, ai trouvé juste d'offrir au très gracieux Fellag un tour de piste à Châlons en Champagne, dans le plus beau cirque du monde. Un bout de "Parade" comme l'aurait aimée Jacques Tati, par qui nos personnages ordinaires en scène trouvèrent un peu de leur distinction native. Facilement enclins à croiser nos vies fictives ou d'importation, jetés ici dans l'arêne, nous ne céderons pourtant pas aux formules tentatrices : ne venons pas faire notre cirque en Champagne, ne jonglerons avec les mots en acrobates contorsionnistes des saveurs du parler. Nous avons juste des souvenirs, (vrais ou inventés), ainsi qu'un texte de Fellag en partage : notre "petit coing" d'ombre*, tout d'hiver ensoleillé. Une histoire ch'ti ? Peut-être. Tout ce manège s'apparente à des retrouvailles : deux gars du Nord, l'un de l'Afrique et du couscous, l'autre de la Frite et bien de chez lui, se retrouvent et, chose improbable pour deux gesticulateurs d'histoires humaines qui ne savent même pas marcher sur les mains, nous terminons par un banquet ! Au cirque? Un banquet dans un cirque ? A la romaine ? Hélas, c'est n'importe quoi... A croire que la Comète est tombée sur la tête ! Un banquet c'est une salle des fêtes, une grosse tente ambiance bavière à la foire de Châlons peut-être... ou alors c'est une clairière, un gros feux de bois avec gaulois et gauloises non filtrés, mais ça n'est pas un numéro de cirque ! Bon, espérons la surprise... Vu de loin, à vol d'oiseau et sous les très précieux auspices de Brigitte de Malau ordonnatrice avec Vincent Marcoup, notre chambellan de Champagne, nous proclamons cette fois "Banquet" parce que c'est clôture : avec la fin de saison arrive la faim de saison ! On racontera des histoires à n'en plus finir, faisant sans le vouloir un hommage au film de l'année "La Graine et le Mulet", bien sûr. Donc ne pas s'imaginer fricadelles et rata ch'timi, nos populaires ont des goûts raffinés. Qui a vu Fellag en scène, tel un dandy de grands chemins, comprendra. Conteur incisif, conteur contourneur, il ajoute à l'élégance d'être sur terre en scène, la grâce du déséquilibre, sorte d'enchantement de l'exil. Misotte Cafougnette, raconteur d'une région où l'on bougeait très peu en ne parlant que de ça, du bien-être maison, de nos histoires jamais nomades. Misotte, je voudrais lui dire que grâce à nos visiteurs de la Méditerranée, leur culture et leurs épreuves, nous avons réalisé que nous n'étions pas si sédentaires au fond, et que sans changer de baraque nous aurions droit à l'exil : il suffisait d'ouvrir les yeux, les orelles tout grand, et de couper les haies séparatrices, les hautes murailles de protection.